En début d’année, je me suis questionné au sujet de l’avenir des Pages Jaunes. J’en étais venu à la conclusion que, bien que plusieurs mesures aient été prises récemment par le Groupe Pages Jaunes pour se développer davantage sur le web (acquisitions et embauches de personnes influentes du web), il m’apparaissait que les chances que l’entreprise puisse compenser la baisse de ses énormes revenus provenant des annuaires papier par le web soient à toutes fins pratiques nulles. Comprenez-moi bien, je pense que l’entreprise faisait ce qu’il fallait pour se renouveler, mais il m’apparaissait impensable que la croissance des revenus des activités en ligne puissent compenser les revenus astronomiques générés par le papier. Pourquoi ? Parce que les annuaires papier des Pages Jaunes, dont les revenus publicitaires devraient décroître de façon très importante dans les années à venir, n’ont pas d’alternatives aussi nombreuses et aussi dominantes dans les annuaires papier que sur le web. D’ailleurs, pour moi, et tel que je le mentionnais alors, les Pages Jaunes d’aujourd’hui et de demain, c’est Google (et, dans une moindre mesure, Bing et Yahoo).

Hier (30 mars), le Groupe Pages Jaunes a annoncé son intention de procéder à une nouvelle acquisition dans le but de contrer ses baisses de revenus appréhendées et de prendre une part de marché plus importante sur le web. Cette fois-ci, l’entreprise qui sera avalée par le groupe Pages Jaunes est nul autre que CanPages, dont 23% des revenus proviennent déjà du web. L’acquisition totalise 225 millions $, dont 75 millions payés comptant et 150 millions en certificats donnant accès à des actions du Groupe Pages Jaunes. Par ailleurs, l’entreprise offre dorénavant des services de référencement organique et payant (SEO et SEM PPC) pour améliorer le référencement de votre entreprise dans tous les engins de recherche majeurs. Bien que mon opinion n’ait pas changé sur l’improbabilité pour le Groupe Pages Jaunes de compenser la baisse appréhendée de ses revenus générés par ses annuaires papier, force est d’admettre que l’entreprise fait ce qu’il faut pour se renouveler. Ces acquisitions et les nouveaux services de référencement offerts, combinés à la très forte notoriété des Pages Jaunes, aidera assurément l’entreprise à mieux résister au déclin de son modèle d’affaires principal.

Encore une fois, il est difficile d’espérer pouvoir compenser la baisse des revenus papier alors que les revenus de l’entreprise en 2008 (1,7 milliard de dollars), dont environ 81% provenaient du papier, représentaient plus que la totalité des investissements publicitaires sur Internet en 2008 au Canada (incluant publicité graphique, publicité de recherche, petites annonces, etc.), lesquels totalisaient 1,6 milliard (source: IAB Canada) ! Sans oublier que le Groupe Pages Jaunes a réussi à dégager un bénéfice net de plus de 509 millions (30%!) sur ces revenus de 1,7 milliard… En connaissez-vous, des entreprises dont la principale activité est Internet est dont les bénéfices nets sont de 30% les revenus ? C’est une marge énorme, qui me semble difficile à maintenir dans les années à venir.

À la lumière des récentes stratégies déployées par le Groupe Pages Jaunes, pensez-vous que l’avenir du groupe est rose ?