Le Bureau de la publicité interactive du Canada (IAB Canada) dévoilait plus tôt cette semaine son rapport annuel dévoilant les investissements publicitaires sur Internet au Canada en 2009 (rapport complet, anglais, 18 pages). Je ne m’étendrai pas longtemps sur les pincipaux résultats de ce rapport, d’autres l’ayant déjà fait avant moi. Voici donc un résumé des principaux faits saillants de ce rapport, lequel démontre à quel point le marché de la publicité interactive progresse rapidement :

  • Les investissements en publicité interactive ont progressé de pas moins de 14% en 2009, alors que tous les autres médias connaissaient au même moment des baisses significatives (exemples: TV -8,6%, Quotidiens -18,4%, Radio -5,7%, Magazines -14,7%). Cette performance est tout à fait remarquable, compte tenu du contexte économique de 2009.
  • Internet s’accapare désormais de 13,2% de tous les investissements publicitaires au Canada (soit moins que la TV et les Quotidiens, mais plus que tous les autres médias pris individuellement). À titre de comparaison, cette proportion est de 14,3% aux États-Unis.
  • La publicité de recherche (référencement payant, ou PPC) continue de voir sa part de marché progresser (dorénavant 41% du total) sur les autres formes de publicité interactive (publicité graphique 32%, petites annonces/répertoires 26%, publicité vidéo 1%, courriel <1%).

On ne peut que se réjouir de ces résultats, surtout en considérant la performance des autres médias dans cette année pendant laquelle le climat économoqie était plutôt morose.

Pourtant, il y a toujours une tendance inquiétante mise en lumière par les rapports annuels du IAB Canada: le français continue de perdre du terrain au profit de l’anglais. Ainsi, la proportion des achats publicitaires en français sont passés, en 2 ans, de 21% à 19% du total.

Une autre façon de voir les choses: si le marché français avait crû aussi rapidement que l’anglais au cours des deux dernières années, il représenterait aujourd’hui 390 millions… soit, 38 millions de plus qu’en ce moment!

Comment expliquer cette tendance et ce manque à gagner pour le marché francophone? Sans être les seuls facteurs, je vois au moins 3 raisons qui expliquent — du moins en partie — cette situation :

  • La proportion sans cesse grandissante des investissements publicitaires planifiés à Toronto
    Les planificateurs médias de Toronto ne connaissent pas aussi bien le marché francophone que le leur (lire: anglophone). Même si les rapports de comscore MediaMetrix peuvent les aider à faire leurs planifs en français, il y a fort à parier qu’ils n’exploitent pas toujours le marché francophone autant qu’ils le devraient.
  • Le bilinguisme des francophones
    Les Canadiens francophones, en général, sont à l’aise en anglais et « consomment » au moins à l’occasion des pages en anglais, alors que l’inverse n’est pas vrai (les anglophones ne naviguent pas vraiment en français). Résultat: on peut effectivement rejoindre quelques francophones en plus des anglophones lorsqu’on s’affiche sur des sites en anglais.
  • Un accès facile à l’énorme inventaire étatsunien
    L’énorme inventaire publicitaire des réseaux de sites étatsuniens qui, vous vous en doutez, n’est pas très francophone, n’a jamais été aussi accessible qu’en ce moment. De plus, les prix étant pratiqués par ces réseaux sont très attrayants. Résultat, il peut être tentant d’allouer une plus grande part des investissements publicitaires à ces “WalMart” de l’impression publicitaire.

Quoi qu’il en soit, il faut tenter de renverser la vapeur et viser à ce que la proportion des investissements publicitaires sur Internet en français soit au moins équivalente à la proportion de la population francophone, c’est-à-dire 22%. Et le meilleur moyen pour arriver à ce que le marché francophone soit bien représenté, c’est au moins de faire planifier le français… par des francophones !