Les designers web et les spécialistes en ergonomie UX/UI qui y sont confrontés en font parfois des cauchemars. De leur côté, les développeurs web qui s’y intéressent doivent réviser complètement leurs méthodes de développement. On peut choisir de s’y adapter dès maintenant ou encore l’ignorer, mais considérant que le protocole AMP (Accelerated Mobile Pages) a été développé par le géant du web qu’est Google, les développeurs de sites internet n’auront d’autre choix que de s’y conformer tôt ou tard.

Rappelez-vous en 2010, alors que Steve Jobs nous confirmait renoncer à l’intégration de Flash dans ses appareils iPad et iPhone, au moment même où on l’utilisait dans la plupart des sites web et dans la quasi-totalité des bannières publicitaires. Peu après, Adobe annonçait la disparition de Flash de sa librairie de logiciels. Heureusement, les concepteurs de bannières publicitaires de l’époque ont pu profiter pour un certain temps de l’outil Swiffy, un convertisseur permettant de transformer un fichier Flash en HTML, mais ce ne fut qu’une question de temps avant qu’ils durent se convertir entièrement au HTML5, CSS3 et jQuery. Bref, le motion design est une fois de plus ébranlé, cette fois-ci par l’arrivée du protocole AMP, et certains y vont de déclarations surprenantes sur le sujet.

Voici donc 10 mythes et réalités concernant le protocole AMP :

1. L’AMP est compatible uniquement avec les appareils mobiles.
Mythe.

Il est vrai que le protocole AMP (Accelerated Mobile Pages) a d’abord été développé pour améliorer la performance des pages web sur les appareils mobiles. Il est également vrai d’affirmer que les pages optimisées en AMP seront exécutées automatiquement en navigation mobile. Mais dans les faits, il ne s’agit que d’une simple détection de « l’agent utilisateur » (user agent) qui redirigera l’utilisateur d’une page standard vers sa page homologue en AMP lorsque ce dernier utilise son téléphone ou sa tablette. La même méthode qui était utilisée jadis quand une version mobile d’un site coexistait avec sa version standard avant que l’on ne maîtrise l’art du « responsive design ». Sachez qu’il est réaliste de développer un site entièrement en AMP puisque votre ordinateur de bureau est tout à fait capable de digérer ce protocole.

2. Passer au protocole AMP, c’est accepter de faire des compromis graphiques et limiter les contenus dynamiques.
Mythe.

En fait, le protocole AMP vient mettre un frein au développement abusif en JavaScript responsable des animations et de l’affichage dynamique des sites web. Assurément, passer à AMP veut également dire adieu au jQuery ainsi qu’à toutes les formes de développement personnalisé en JavaScript. Faites votre deuil et retroussez vos manches! Vous découvrirez alors qu’il est possible de reproduire les mêmes effets et la même expérience utilisateur dans vos sites tout en respectant le protocole AMP. Suivez-nous pour rester informé de nos récentes et futures réalisations 100% AMP !

3. Le AMP favorise le référencement naturel (SEO).
Réalité.

Puisque Google a à cœur la qualité de ses résultats de recherche, il privilégie déjà les pages fiables et rapides optimisées en AMP dans ses résultats de recherches faites sur mobile. Éventuellement, passer à AMP n’aura pas seulement des effets positifs sur le référencement naturel en mobile, mais aussi sur ordinateur. Utiliser le AMP comme solution unique pour votre site web augmentera à la fois la qualité du référencement et l’expérience utilisateur car les pages seront plus performantes au chargement. Toutefois, assurez-vous que votre site ne possède qu’une seule version de page répondant aux standards AMP. S’il s’avérait que votre site possède des versions de pages différentes (standard et AMP), l’AMP n’aurait aucun impact sur votre site présenté sur ordinateur car Google prend en considération la rapidité de chargement et non la technologie utilisée.

Pour en savoir plus sur les effets du AMP sur le référencement, lisez cet article : https://developers.google.com/search/docs/guides/about-amp

4. Les pages AMP sont jusqu’à 85% plus rapides au chargement.
Réalité.

Plusieurs raisons peuvent prouver une statistique aussi impressionnante. D’abord, le simple fait de se rappeler ce que veut dire AMP (Accelerated Mobile Pages) donne en soit une partie de la réponse. Mais pourquoi les pages AMP sont- elles plus rapides? D’abord, le protocole AMP impose de sérieuses limitations quant à l’utilisation du JavaScript, et ce dernier est habituellement la principale cause d’un site lent. En effet, aucun développement en JavaScript personnalisé n’est possible sous le protocole AMP. Ensuite, le AMP empêche toute connexion à des feuilles de style CSS externes et même à des formulaires trop lourds. Et finalement, le AMP fait en sorte que Google garde le contenu des pages et des sites AMP en mémoire cache.

5. Le AMP est davantage utile aux sites d’actualité.
Mythe.

Tous les sites ont avantage à passer au protocole AMP, et non pas seulement les sites de nouvelles. Par contre, il faut prendre en considération le fait que la consommation des sites d’actualité se fait davantage sur les plateformes mobiles que sur l’ordinateur, ce qui a accéléré la compatibilité de ces sites en AMP. Pas étonnant donc qu’on voit de plus en plus de sites d’actualité conformes au AMP puisque ces derniers veulent être les premiers dans les résultats de recherche sur mobile en plus d’être les plus rapides à transmettre l’information demandée aux usagers.

6. Tous les sites web ont la capacité d’être adaptés au protocole AMP.
Mythe.

Pour savoir si un site peut être adapté au AMP, il faut d’abord comprendre les limitations du protocole. Il n’est pas impossible de constater que pendant le processus, vous ne puissiez pas tout reproduire en AMP. Ça peut être particulièrement vrai si votre site dépend du JavaScript. Des processus tels qu’un outil de réservation ou un calendrier pourraient ne pas pouvoir se convertir en AMP, du moins pas pour le moment. Par contre, rien ne vous empêche de choisir seulement quelques pages de votre site qui pourraient se convertir à défaut d’avoir tout votre site en AMP. Gardez en tête que le AMP, bien qu’il existe depuis 2015, évolue constamment et de nouvelles fonctionnalités apparaissent régulièrement. Il n’est pas impossible que ce mythe devienne un jour une réalité!

7. Il est facile de rendre mon site compatible avec le AMP.
Réalité.

Si votre site respecte les limitations techniques imposées par le AMP, c’est-à-dire qu’il n’utilise pas de JavaScript personnalisé ni de feuille de style externe ou autre restriction, il est alors aisé de le rendre compatible au protocole. Si vous faites affaires avec un fournisseur qui maîtrise le AMP, il sera possible pour vous de réviser seulement le HTML et le CSS de votre site, c’est-à-dire la programmation « front-end ». De plus, si vous disposez d’un site utilisant le gestionnaire de contenu WordPress et désirez le rendre compatible, il existe plusieurs modules (plugiciels) pouvant vous aider, tels que AMP for WP. Mais attention : avec de tels modules, vous risquez d’être déçu du rendu visuel et de la différence entre l’interface standard de votre site et celle de votre site AMP.

8. Passer à AMP, c’est augmenter le niveau de sécurité de mon site.
Réalité.

La plupart des intrusions malveillantes dans les sites web consistent à ajouter des lignes de codes qui serviront de passerelles pour générer des milliers de requêtes dans l’unique but de rendre un site inopérant. Ces menaces proviennent plus souvent qu’autrement de ressources externes appelées en requêtes http par votre site web. Bien que le AMP soit plus contraignant lors du développement, sachez que les limitations qu’il impose permet plutôt de sécuriser grandement votre site. En effet, étant donné qu’il est impossible d’utiliser du codage et des requêtes externes non conformes ou non approuvés par AMP Project, vous limitez en même temps les risques d’intrusions malveillantes en éliminant les requêtes http externes.

9. Le protocole AMP nous force à utiliser uniquement les modules d’interface proposés par AMP Project.
Mythe.

Comme toute bonne librairie (framework), AMP propose une multitude de modules qui vous permettront de développer un bon site AMP incluant notamment des carrousels d’images (amp-carrousel), des accordéons (amp-accordion) et un menu animé (amp-side-bar) utilisant le principe populaire du « Burger Menu ». Les designers web et spécialistes en ergonomie vont toutefois s’apercevoir que les rendus graphiques de ces modules sont très limités. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de se passer de ces modules plutôt limités. Il vous suffit d’utiliser des modules plus complexes comme par exemple « amp-animation » et vous pourrez personnaliser vos carrousels, et vos menus latéraux (« sidebar menu ») à votre goût.

10. L’utilisation de variables en AMP est impossible.
Mythe.

Avec le principe du code contrôlé, il est difficile de croire qu’il est impossible de travailler avec des variables. Mais rassurez-vous, AMP Project a prévu le coup. Il existe un module : « amp-bind » qui permet de le faire. D’ailleurs « amp- bind » possède déjà un lexique de variables prédéfinies déjà prêtes à l’utilisation.

Respectez le carré de sable imposé par AMP, utilisez votre ingéniosité et vous découvrirez que AMP possède malgré tout de grandes possibilités de développement. Vous devez accepter par contre que de remédier à certaine technique de développement. Il faut seulement accepter le changement et ouvrir vos horizons. Nous l’avons fait lorsque nous avons abandonner le FLASH. Pour ceux qui ne sont pas encore convaincu de faire le saut. Laissez-moi vousrecommander le livre « Qui a piqué mon fromage » de Spencer et sautez dans l’aventure du AMP.